Caserne Garde Bultel - Cires-lès-Mello

Créé le jeudi 26 mai 2011 12:24
Écrit par Chacal

CASERNE GARDE BULTEL

Gendarmerie de Cires-lès-Mello (Oise)

En janvier 2009, lors des préparations pour les cérémonies « Dynamo 1940-2010 » du 70e anniversaire des combats de la poche de Dunkerque, alors que j’étais à la direction du comité de pilotage de ce projet de Mémoire, mon ami et collaborateur, l’adjudant de gendarmerie Gonzague CARPENTIER, m’a signalé, lors de recherches historiques (qui permirent notamment la réalisation d'une plaque afin de commémorer les Prévôts de la 12e DIM, Morts pour la France au Fort des Dunes de Leffrinckoucke, voir (ici)) la trace d’un gendarme natif de Cires-lès-Mello et Mort pour la France pendant les combats de 1940…
Aussitôt l’idée me vint de donner à la toute nouvelle brigade de gendarmerie de ce village de l'Oise, l’honneur de porter le nom de ce cirois.
Ayant retrouvé, puis contacté la famille (Guy et Jean-Claude Bultel), nous avons alors décidé de présenter ce projet  en juin 2009 au Conseil municipal, qui l’adopta à l’unanimité.
Nous permettions ainsi de préserver la mémoire de ce gendarme et de voir son sacrifice pour la France récompensé.

Garde Bultel - Gendarmerie - Cires-lès-Mello
Le Garde Bultel - (Collection de l'auteur)

Il s’agit de  Jean-Marie BULTEL.
N
é 30 avril 1911, il est blessé mortellement dans le secteur Fortifié de Montmédy (Meuse) le 13 juin 1940, et décède des suites de ses blessures de guerre à l’hôpital complémentaire de Roanne (Loire) le 19 juin 1940. Son corps est inhumé dans le cimetière de Cires-lès-Mello.
Jean-Marie BULTEL était garde à la 3e Légion de Garde Républicaine Mobile (subdivision de la Gendarmerie nationale et ancêtre de la Gendarmerie Mobile), détaché au début de la guerre 1939-1940 avec le grade de sergent à la 3e Compagnie du 4e Bataillon de mitrailleurs. En effet, dès août 1939 la GRM fournit de nombreux gardes aux unités combattantes, encadrant ainsi les réservistes et rappelés lors de la mobilisation.
Lors de la bataille de France, en mai et juin 1940, de nombreux militaires de la GRM tombent ainsi au Champ d'Honneur ou sont  blessés ou capturés par l'ennemi après s'être battus jusqu'à la dernière limite.
Jean-Marie BULTEL s’était marié le 13 juillet 1935 à Cramoisy à Léone GODIN. Ils ont eu deux fils : Guy (né en 1937) et Jean-Claude (né en 1939).
Jean-Marie a fait toute sa carrière dans l’Armée, s’étant engagé le 28 février 1932. D’abord dans les troupes d’infanterie coloniale, avec lesquels il a d’ailleurs fait un séjour en Indochine (de 1932 à 1935). Il a ensuite contracté un engagement, le 1er février 1937, dans la Gendarmerie nationale pour servir comme garde au sein de la Garde Républicaine Mobile. Il est admis au Corps des sous-officiers de carrière le 1er août 1937.
Jean-Marie BULTEL est titulaire de laMédaille Militaire, à titre posthume, le 29 novembre 1961 et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil le 26 juillet 1961, à titre posthume, avec la Citation suivante : « Sous-officier animé d’un grand courage allié aux plus grandes qualités de vaillance et de sang-froid. Grièvement  blessé à son poste de combat, est décédé à la suite de ses blessures, le 19 juin 1940 à Roanne. »

caserne bultel cires-les-mello
Guy Bultel, le général Philippe Mazy, Jean-Claude Bultel et le colonel Ronan Le Floc'h devant la brigade de Cires-lès-Mello
( Photo Joaquim Domingues - Collectif France 40))

A l’occasion de l’inauguration de la brigade de gendarmerie, la « Caserne Garde Bultel », le 30 mai 2011, furent présentés des photographies et des documents évoquant la vie de Jean-Marie Bultel, ainsi que deux mannequins en uniforme : un montrant un garde républicain mobile, l’autre un fantassin du 4e Bataillon de mitrailleurs, présentant ainsi les tenues dans lesquelles le garde Bultel pouvait être dans les années 1940. Cette exposition fut visitée aussi par les enfants du 3e cycle des écoles de Cires et du Tillet.
Cette cérémonie était placée sous la haute bienveillance de monsieur Nicolas Desforges (préfet de l’Oise), du général Philippe Mazy (commandant de la région Picardie) et du colonel Ronan Le Floc’h, (commandant le groupement de gendarmerie de l’Oise).
Nous pouvions distinguer aussi, parmi la nombreuse assistance, la présence remarquable de messieurs Michel Francaix (député de la 3e circonscription de l’Oise), Philippe Marini, (sénateur - maire de Compiègne),  Alain Guérinet (maire de Cires-lès-Mello), le lieutenant-colonel Eric Dagnicourt (directeur du Musée de la Gendarmerie de Melun), le chef d’escadron Laurent Lambert (commandant la compagnie de Chantilly) et l'adjudant Jean-Sébastien Decagny (commandant la brigade de Cires-lès-Mello).
La famille du garde Bultel furent aussi mis à l’honneur et plus particulièrement ses fils : Guy et Jean-Claude.
Une plaque fixée à l'entrée de la caserne rappelle aux passants la Mémoire du Garde Bultel :

Caserne Garde Jean-Marie BULTEL
1911  -  1940

Enfant de Cires-lès-Mello - Mort pour la France
Sous-officier animé d’un grand courage allié
aux plus grandes qualités de vaillance et de sang-froid.
Grièvement  blessé à son poste de combat,
est décédé à la suite de ses blessures, le 19 juin 1940.

 Jean-François CATTEAU

La Garde Républicaine Mobile

Issue des pelotons mobiles de la Gendarmerie départementale créés au lendemain de l'Armistice pour assurer, en remplacement de la troupe, les missions de  maintien de l'ordre,  la Garde Républicaine Mobile forme à partir du 10 septembre 1926 une nouvelle subdivision de la Gendarmerie Nationale.
Bien que n'étant pas par destination une troupe de manœuvre et de combat, son organisation est militaire et relève du ministère de la défense nationale et de la guerre.
Présente lors des grands rassemblements de personnes, engagée systématiquement  pour maintenir et rétablir l'ordre, la Garde Républicaine Mobile assure également la sécurité des travaux de construction de la ligne Maginot où, fin 1935, un réseau permanent de surveillance de la frontière est établi sur proposition du  gouverneur militaire de Metz et décision ministérielle.
Les légions s'installent à Paris et  à Tours en 1927, à Lyon en 1928, à Nancy en 1929, à Nantes et à Arras en 1930. La même année un groupe de chars et d'auto-mitrailleuses est créé à Satory.
Deux ans plus tard les effectifs atteignent 8.000 hommes. La montée en puissance sera continue mais difficile à réaliser en raison de contraintes techniques, notamment de casernement, de matériels, de remonte.
A la veille de la seconde guerre mondiale la garde républicaine mobile alignera 175 compagnies, soit environ 21.000 hommes en 15 légions (dont une dans nos départements d'Algérie) et 57 groupes (dont trois d'Algérie).
Dès le 26 août 1939 la GRM fournit de nombreux officiers et 6.000 gardes titulaires du brevet de chef de section aux unités combattantes : Groupes de reconnaissances de Corps d'armée (GRCA) ou de divisions d'infanterie (GRDI), bataillons d'Afrique, bataillons de mitrailleurs, etc..., encadrant ainsi les nombreux réservistes et rappelés lors des mobilisations de 1938 et 1939.
Seize unités motorisées assurent la couverture frontalière du Nord et de l'Est du pays.
Le 1er février 1940, il est procédé à une nouvelle numérotation des Légions de la GRM, avec une réduction de la plupart des compagnies à 3 pelotons.
Lors de la bataille de France en mai et juin 1940 de nombreux militaires de la GRM tombent au Champ d'Honneur ou sont  blessés ou capturés par l'ennemi après s'être battus jusqu'à la dernière limite, à l’exemple du 45e Bataillon de chars légers de la gendarmerie (45e BCG). Présent à Stonne le 45e bataillon se signale durant 4 jours de combats acharnés contre le régiment d'élite "Groß-Deutschland". Il combat à nouveau dans la région de Perthes jusqu'à être encerclé par une panzerdivision à Tavernay. Le 45e Bataillon dénombre 34 tués, 59 blessés et la perte de tous ses chars.
L'histoire de la GRM et celle de la gendarmerie départementale s'achève le 14 juin 1940…
Le 17 novembre 1940, un décret du Gouvernement de Vichy sépare la Garde Républicaine Mobile de la Gendarmerie. Toutes les unités de la zone Nord sont dissoutes et seule une partie des effectifs la GRM passe dans la gendarmerie départementale. En zone libre, la Garde Républicaine Mobile est ramenée à 6.000 hommes , puis reçoit l'appellation de "Garde" et forme 6 régiments. Cette disposition habile du Gouvernement permet de soustraire une force militaire des obligations faites par les autorités allemandes, imposés par le traité d'armistice du 22 juin 1940... Créant ainsi le creuset de l'Armée nouvelle...
A partir d'Août 1941 les militaires de la gendarmerie internés dans les Oflag et Stalag en Allemagne sont placés en congé d'armistice pour servir obligatoirement en zone occupée dans la gendarmerie départementale ou la Garde. Nombreux sont ceux qui participent alors activement à la Résistance avec leurs camarades ayant repris leurs fonctions depuis juillet 1940 et nombreux, sont ceux qui de ce fait, sont déportés en Allemagne ou exécutés en France.
Dès 1942, le 7e régiment de la Garde (stationné en Algérie) et le 8e régiment de la Garde (stationné en Tunisie), participent activement à la campagne contre "l'Afrika Korps". Là aussi, comme en septembre 1939, les unités de la Garde d'Afrique fournissent de nombreux cadres pour la réorganisation de l'armée française. Ils entrent à Rome en 1944 avec le corps expéditionnaire français (CEF) du général Alphonse Juin, puis jusqu'en Allemagne dans les rangs de la glorieuse 1ère Armée française "Rhin et Danube" du général Jean de Lattre de Tassigny.
En 1945, la GRM réintègre la Gendarmerie avec 9 légions, 19 groupes et 76 escadrons et en 1954 la "Garde Républicaine" prend le nom de "Gendarmerie Mobile".

D'après la source GRM : garde-rep-mobile garde républicain mobile