Rarement promesse aura été si fidèlement tenue.
Louis BOULEAU s’est juré, il y a de nombreuses années que tant que ses forces le lui permettraient, il viendrait rendre hommage chaque année à ses camarades partis trop tôt.
Cette année comme d’habitude, Louis a tenu son engagement.
Il est revenu sur cette terre de Flandres, sur ces plages de la mer du Nord afin de rendre hommage à ses frères d’armes tombés ici en mai-juin 1940.
Ce n’est pas sans émotion que cette année, il retrouva pour la première fois depuis 71 ans, la trace du capitaine BOURGERIE de l’Artillerie Divisionnaire de la 12e DIM.
Cet homme, cet officier, est celui qui a permis à Louis BOULEAU d’être parmi nous encore aujourd’hui. En effet, lors du bombardement du 2 juin 1940 sur le fort des Dunes (qui coûta la vie au général JANSSEN, commandant la 12e DIM), le maréchal-des-logis BOULEAU se trouvait derrière le capitaine BOURGERIE et le corps de ce dernier avait fait rempart contre les éclats de bombes. Très lourdement touché, il devait être évacué sur le sanatorium de Zuydcoote où il trouva la mort. Il repose depuis à la nécropole de Zuydcoote.
Notre Ami Louis BOULEAU (secrétaire d'état-major de la 12e DIM du Général JANSSEN),
sur la tombe du capitaine André BOURGERIE (225e RALMo), Mort pour la France le 4 juin 1940 au Fort des Dunes de Leffrinckoucke.
(Photo Gonzague Carpentier)
Le dimanche 5 juin, une cérémonie se déroula à la nécropole de Leffrinckoucke.
Au côté de Louis et du professeur HURAUX (fils du général, lieutenant du génie de la 12e DIM en 1940), monsieur Bernard WEISBECKER (maire de Leffrinckoucke) présidait cet hommage.
Peut-être moins grandiose que l’année dernière, elle fut néanmoins tout aussi poignante.
Pour la première fois, monsieur et madame Jean-Jacques DEMONCY, neveu du gendarme DEMONCY Rémy étaient présents afin d’honorer leur aïeul tombé le 3 juin 1940 au sein de la prévôté de la 12e .
GLOIRE A LA DIVISION DU COQ – HONNEUR A SES MORTS
Gonzague CARPENTIER
CASERNE GARDE BULTEL
Gendarmerie de Cires-lès-Mello (Oise)
En janvier 2009, lors des préparations pour les cérémonies « Dynamo 1940-2010 » du 70e anniversaire des combats de la poche de Dunkerque, alors que j’étais à la direction du comité de pilotage de ce projet de Mémoire, mon ami et collaborateur, l’adjudant de gendarmerie Gonzague CARPENTIER, m’a signalé, lors de recherches historiques (qui permirent notamment la réalisation d'une plaque afin de commémorer les Prévôts de la 12e DIM, Morts pour la France au Fort des Dunes de Leffrinckoucke, voir (ici)) la trace d’un gendarme natif de Cires-lès-Mello et Mort pour la France pendant les combats de 1940…
Aussitôt l’idée me vint de donner à la toute nouvelle brigade de gendarmerie de ce village de l'Oise, l’honneur de porter le nom de ce cirois.
Ayant retrouvé, puis contacté la famille (Guy et Jean-Claude Bultel), nous avons alors décidé de présenter ce projet en juin 2009 au Conseil municipal, qui l’adopta à l’unanimité.
Nous permettions ainsi de préserver la mémoire de ce gendarme et de voir son sacrifice pour la France récompensé.
Le Garde Bultel - (Collection de l'auteur)
Il s’agit de Jean-Marie BULTEL.
Né 30 avril 1911, il est blessé mortellement dans le secteur Fortifié de Montmédy (Meuse) le 13 juin 1940, et décède des suites de ses blessures de guerre à l’hôpital complémentaire de Roanne (Loire) le 19 juin 1940. Son corps est inhumé dans le cimetière de Cires-lès-Mello.
Jean-Marie BULTEL était garde à la 3e Légion de Garde Républicaine Mobile (subdivision de la Gendarmerie nationale et ancêtre de la Gendarmerie Mobile), détaché au début de la guerre 1939-1940 avec le grade de sergent à la 3e Compagnie du 4e Bataillon de mitrailleurs. En effet, dès août 1939 la GRM fournit de nombreux gardes aux unités combattantes, encadrant ainsi les réservistes et rappelés lors de la mobilisation.
Lors de la bataille de France, en mai et juin 1940, de nombreux militaires de la GRM tombent ainsi au Champ d'Honneur ou sont blessés ou capturés par l'ennemi après s'être battus jusqu'à la dernière limite.
Jean-Marie BULTEL s’était marié le 13 juillet 1935 à Cramoisy à Léone GODIN. Ils ont eu deux fils : Guy (né en 1937) et Jean-Claude (né en 1939).
Jean-Marie a fait toute sa carrière dans l’Armée, s’étant engagé le 28 février 1932. D’abord dans les troupes d’infanterie coloniale, avec lesquels il a d’ailleurs fait un séjour en Indochine (de 1932 à 1935). Il a ensuite contracté un engagement, le 1er février 1937, dans la Gendarmerie nationale pour servir comme garde au sein de la Garde Républicaine Mobile. Il est admis au Corps des sous-officiers de carrière le 1er août 1937.
Jean-Marie BULTEL est titulaire de laMédaille Militaire, à titre posthume, le 29 novembre 1961 et de la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil le 26 juillet 1961, à titre posthume, avec la Citation suivante : « Sous-officier animé d’un grand courage allié aux plus grandes qualités de vaillance et de sang-froid. Grièvement blessé à son poste de combat, est décédé à la suite de ses blessures, le 19 juin 1940 à Roanne. »
Guy Bultel, le général Philippe Mazy, Jean-Claude Bultel et le colonel Ronan Le Floc'h devant la brigade de Cires-lès-Mello
( Photo Joaquim Domingues - Collectif France 40))
A l’occasion de l’inauguration de la brigade de gendarmerie, la « Caserne Garde Bultel », le 30 mai 2011, furent présentés des photographies et des documents évoquant la vie de Jean-Marie Bultel, ainsi que deux mannequins en uniforme : un montrant un garde républicain mobile, l’autre un fantassin du 4e Bataillon de mitrailleurs, présentant ainsi les tenues dans lesquelles le garde Bultel pouvait être dans les années 1940. Cette exposition fut visitée aussi par les enfants du 3e cycle des écoles de Cires et du Tillet.
Cette cérémonie était placée sous la haute bienveillance de monsieur Nicolas Desforges (préfet de l’Oise), du général Philippe Mazy (commandant de la région Picardie) et du colonel Ronan Le Floc’h, (commandant le groupement de gendarmerie de l’Oise).
Nous pouvions distinguer aussi, parmi la nombreuse assistance, la présence remarquable de messieurs Michel Francaix (député de la 3e circonscription de l’Oise), Philippe Marini, (sénateur - maire de Compiègne), Alain Guérinet (maire de Cires-lès-Mello), le lieutenant-colonel Eric Dagnicourt (directeur du Musée de la Gendarmerie de Melun), le chef d’escadron Laurent Lambert (commandant la compagnie de Chantilly) et l'adjudant Jean-Sébastien Decagny (commandant la brigade de Cires-lès-Mello).
La famille du garde Bultel furent aussi mis à l’honneur et plus particulièrement ses fils : Guy et Jean-Claude.
Une plaque fixée à l'entrée de la caserne rappelle aux passants la Mémoire du Garde Bultel :
Caserne Garde Jean-Marie BULTEL
1911 - 1940
Jean-François CATTEAU
Issue des pelotons mobiles de la Gendarmerie départementale créés au lendemain de l'Armistice pour assurer, en remplacement de la troupe, les missions de maintien de l'ordre, la Garde Républicaine Mobile forme à partir du 10 septembre 1926 une nouvelle subdivision de la Gendarmerie Nationale.
Bien que n'étant pas par destination une troupe de manœuvre et de combat, son organisation est militaire et relève du ministère de la défense nationale et de la guerre.
Présente lors des grands rassemblements de personnes, engagée systématiquement pour maintenir et rétablir l'ordre, la Garde Républicaine Mobile assure également la sécurité des travaux de construction de la ligne Maginot où, fin 1935, un réseau permanent de surveillance de la frontière est établi sur proposition du gouverneur militaire de Metz et décision ministérielle.
Les légions s'installent à Paris et à Tours en 1927, à Lyon en 1928, à Nancy en 1929, à Nantes et à Arras en 1930. La même année un groupe de chars et d'auto-mitrailleuses est créé à Satory.
Deux ans plus tard les effectifs atteignent 8.000 hommes. La montée en puissance sera continue mais difficile à réaliser en raison de contraintes techniques, notamment de casernement, de matériels, de remonte.
A la veille de la seconde guerre mondiale la garde républicaine mobile alignera 175 compagnies, soit environ 21.000 hommes en 15 légions (dont une dans nos départements d'Algérie) et 57 groupes (dont trois d'Algérie).
Dès le 26 août 1939 la GRM fournit de nombreux officiers et 6.000 gardes titulaires du brevet de chef de section aux unités combattantes : Groupes de reconnaissances de Corps d'armée (GRCA) ou de divisions d'infanterie (GRDI), bataillons d'Afrique, bataillons de mitrailleurs, etc..., encadrant ainsi les nombreux réservistes et rappelés lors des mobilisations de 1938 et 1939.
Seize unités motorisées assurent la couverture frontalière du Nord et de l'Est du pays.
Le 1er février 1940, il est procédé à une nouvelle numérotation des Légions de la GRM, avec une réduction de la plupart des compagnies à 3 pelotons.
Lors de la bataille de France en mai et juin 1940 de nombreux militaires de la GRM tombent au Champ d'Honneur ou sont blessés ou capturés par l'ennemi après s'être battus jusqu'à la dernière limite, à l’exemple du 45e Bataillon de chars légers de la gendarmerie (45e BCG). Présent à Stonne le 45e bataillon se signale durant 4 jours de combats acharnés contre le régiment d'élite "Groß-Deutschland". Il combat à nouveau dans la région de Perthes jusqu'à être encerclé par une panzerdivision à Tavernay. Le 45e Bataillon dénombre 34 tués, 59 blessés et la perte de tous ses chars.
L'histoire de la GRM et celle de la gendarmerie départementale s'achève le 14 juin 1940…
Le 17 novembre 1940, un décret du Gouvernement de Vichy sépare la Garde Républicaine Mobile de la Gendarmerie. Toutes les unités de la zone Nord sont dissoutes et seule une partie des effectifs la GRM passe dans la gendarmerie départementale. En zone libre, la Garde Républicaine Mobile est ramenée à 6.000 hommes , puis reçoit l'appellation de "Garde" et forme 6 régiments. Cette disposition habile du Gouvernement permet de soustraire une force militaire des obligations faites par les autorités allemandes, imposés par le traité d'armistice du 22 juin 1940... Créant ainsi le creuset de l'Armée nouvelle...
A partir d'Août 1941 les militaires de la gendarmerie internés dans les Oflag et Stalag en Allemagne sont placés en congé d'armistice pour servir obligatoirement en zone occupée dans la gendarmerie départementale ou la Garde. Nombreux sont ceux qui participent alors activement à la Résistance avec leurs camarades ayant repris leurs fonctions depuis juillet 1940 et nombreux, sont ceux qui de ce fait, sont déportés en Allemagne ou exécutés en France.
Dès 1942, le 7e régiment de la Garde (stationné en Algérie) et le 8e régiment de la Garde (stationné en Tunisie), participent activement à la campagne contre "l'Afrika Korps". Là aussi, comme en septembre 1939, les unités de la Garde d'Afrique fournissent de nombreux cadres pour la réorganisation de l'armée française. Ils entrent à Rome en 1944 avec le corps expéditionnaire français (CEF) du général Alphonse Juin, puis jusqu'en Allemagne dans les rangs de la glorieuse 1ère Armée française "Rhin et Danube" du général Jean de Lattre de Tassigny.
En 1945, la GRM réintègre la Gendarmerie avec 9 légions, 19 groupes et 76 escadrons et en 1954 la "Garde Républicaine" prend le nom de "Gendarmerie Mobile".
D'après la source GRM : garde-rep-mobile
25 novembre 2010...
Chers camarades,
C'est avec beaucoup de tristesse et d’émotion que nous vous devons la douloureuse annonce du décès de notre « Papa » à tous :
Son décès est survenu à Senlis le mercredi 24 novembre 2010.
Moïse est né le 19 octobre 1919.
Le 29 octobre 1938, Il s'engage par devancement d’appel au 9e régiment de zouaves à Alger. Il voulait « voir du pays » comme il aimait dire.
Il passe de nombreux mois d’instruction à la caserne d’Orléans sur le sommet de la casbah d’Alger. Mais le 2 septembre 1939, la guerre contre l’Allemagne est déclarée. Il suit son régiment vers le sud tunisien afin de faire face à une éventuelle menace italienne. Le régiment touche finalement la Mère Patrie en octobre et prend position dans le secteur de Sarreguemines en Moselle.
Moïse participe à de nombreux coups mains dans les « corps-francs », notamment sur la Blies en Sarre.
Mais, l’offensive allemande se déclenche le 10 mai 1940 et l’ennemi perce à Sedan. Aussitôt le régiment s’établit à partir du 18 mai sur les berges du canal de l’Ailette dans l’Aisne. Dès le 21 mai, le 9e Zouaves est au contact de l'ennemi et reçoit l’ordre de tenir ses positions coûte que coûte. Le régiment arrête effectivement toutes les attaques jusqu’au 6 juin en soirée.
Moïse sert alors à la CHR « compagnie hors rangs », et c’est à son poste de chef de mitrailleuse Hotchkiss qu’il « tient bon » le passage du pont de la Tinette entre Trosly-Loire et Champs avec ses camarades !
Il y gagne sa Croix de guerre avec étoile d’argent, avec comme citation à l’ordre de la division : « a retenu des attaques les 5 et 6 juin 1940, fait preuve de beaucoup de calme et de courage en servant sans arrêt sa mitrailleuse, malgré des violents bombardements, causant des pertes énormes à l’ennemi »
Devant la menace d’encerclement, le régiment reçoit l’ordre de décrocher, mission exécutée dans la nuit au contact de l’ennemi.
Le 7 juin l’Aisne est franchie à Vic-sur-Aisne. Et c’est encore à la Ferme de Pouy que Moïse et ses camarades se distinguent.
C’est le moment de la retraite, en ordre, qui pousse le 9e régiment de Zouaves sur la Gergogne, à Vincy-Manoeuvre. Puis à Saint-Germain-sur-Morin et au sud de la Seine.
Ils traversent la Loire entre Sully et Gien.
L’Armistice du 25 juin 1940 trouve le 9e Zouaves sur la Vienne, prêt au combat, après un repli de plus de quatre cents kilomètres, dans l’ordre et sans avoir connu la défaite.
Après un séjour à Issoudun au sein du régiment de l’Indre, appellation très temporaire du 9e Zouaves, Moïse repart le 11 août, via Marseille, à Alger au dépôt du « 9 ». Il y reste jusqu’à la fin de 1941, où la démobilisation lui permet de revenir à Pontarmé, son village de l’Oise.
Mais le manque d’actions l’incite à rencontrer Robert Gaveau, membre de la Résistance, en novembre 1942. Moïse entre alors dans les réseaux de Résistance dès janvier 1943 aux FTP de Coye-la-Forêt / Chantilly, avec le matricule 42 320.
Il participe alors avec son groupe à de multiples actions contre l’ennemi et en particulier à des sabotages de lignes téléphoniques et de routes fréquentées par l’ennemi, transport et camouflage en plein jour d’un soldat allemand abattu par les FFI sur le bord de la route nationale 17, convoyage de deux aviateurs anglais, vols d’armes et incendies de véhicules allemands, etc…
Dès la Libération de son village il décide de participer à la vie communale en entrant au Conseil municipal, il deviendra même monsieur le Maire de 1983 à 2001 !!!
Il rejoint aussi très vite l’Amicale des Anciens combattants du 9e Zouaves : «Les Vieux du 9». Association créée en juin 1921. Il en devient le Président le 5 février 1989, sans faillir jusqu’à ses derniers instants.
Notre rencontre avec Moïse se fait en 1994 lors de la préparation de notre première grande opération de reconstitution en tant que Zouaves : « La Route des Tigres » dans laquelle le groupe a parcouru l’itinéraire suivi par l’unité en mai - juin 1940, des berges du canal de l’Ailette jusqu’à la région de Meaux. Depuis des liens de plus en plus étroits et amicaux, de plus en plus complices et complémentaires nous unirent. Moïse a toujours été bienveillant à notre égard…
Moïse a été certainement le premier à comprendre notre motivation, il a donc guidé notre association à parfaire sa mission de Devoir de Mémoire ! Il a été le premier a nous associer à chacune des cérémonies, manifestations ou réunions des Amicales régimentaires de Zouaves, nous entrainant ainsi jusqu’à sa partie la plus sacrée, celle de former un piquet d’honneur à la Flamme sous l’Arc de Triomphe en compagnie des Amicales régimentaires de Zouaves, sous l’égide de l’Union Nationale des Zouaves, rendant ainsi un solennel Salut au Soldat Inconnu, acte sacré et unique et cela pendant 14 années consécutives !
Soyons digne de la confiance qu'il accordait à la reconstitution et à l’histoire vivante !
Moïse s’est toujours tourné vers les autres, il était par exemple médaillé d’or des donneurs de sang.
Il allait régulièrement aussi dans les établissements scolaires offrir son témoignage, accompagné de son fidèle ami de toujours Lucien Derveaux, lui aussi serviteur des Zouaves, et ainsi assurer la transmission de la Mémoire vers les générations futures.
Il était marié à Thérèse et avait 3 enfants.
La célébration religieuse a eu lieu le lundi 29 novembre 2010 en l’église de Pontarmé, sa paroisse.
Moïse, nous t’aimons et tu auras toujours une place d’Honneur dans nos cœurs !
JF Catteau – G Carpentier – D Coste
« France 40 »