Historique du 9e Régiment de Zouaves

HISTORIQUE DU 9e REGIMENT DE ZOUAVES

Insigne 9e Zouaves - France40

Genèse et Grande Guerre :

Issu des 1er et 4e Zouaves, ce régiment créé en septembre 1914 participe immédiatement aux combats dès le 16 septembre à Carlepont dans l’Oise. Jeté sans aucune préparation dans la bataille, débutant dans la guerre par un assaut sur des positions redoutables après une marche de 35 kilomètres, ce régiment remporte ses premiers combats au prix de lourds sacrifices.

Appelé en Belgique sur l’Yser, il y gagne sa première citation. Reçoit son Drapeau le 24 août 1915 au cours d’une revue passée par le Président de la République (Raymond Poincaré) et par le Roi des Belges (Albert 1er ).

Participe ensuite à l’offensive de Champagne, puis à Verdun au Bois-de-Caillette devant Douaumont, Bois-le-Chaume et les Chambrettes, secteurs délicats où le régiment se distingue et y gagne sa deuxième citation. En juin 1918 il s’empare du village de Coeuvres dans l’Aisne, il y obtient sa troisième citation. Puis il se dirige sur Saconin, Breuil et Soissons, le régiment est cité pour la quatrième fois. Il est ensuite engagé dans la Somme et est cité une cinquième fois. Il termine la Grande Guerre à Berry-au-Bac, sanctionné par une sixième citation.

Le 13 juillet 1919 son Drapeau est décoré de la Légion d’Honneur avec une septième citation. Ce qui fait du 9e Régiment de Marche de Zouaves à être alors la troisième unité la plus décorée de l’Armée Françaises (après le RICM et le REMLE)

Entre-deux-guerres :

Envoyé en Afrique du Nord, le régiment tient garnison à Alger (caserne d'Orléans) et participe aux opérations du Maroc en 1925 et 1926.

France 40 - Drapeau 9 RZ
Évocation du Drapeau du 9e Zouaves et sa Garde en 1939-1940
Photo reconstitution "France 40" - Laurent Dolbet

Seconde Guerre mondiale :

- 1939 - 1940 :

Le 2 septembre 1939, la déclaration de guerre le conduit vers le Sud tunisien afin de faire face à une éventuelle menace italienne. Finalement le régiment touche la Mère Patrie en octobre et prend position dans le secteur de Sarreguemines en Moselle.

Mais l’offensive allemande s’est déclenchée le 10 mai 1940 et l’ennemi a percé à Sedan. Aussitôt le régiment s’établit à partir du 18 mai sur les berges du canal de l’Ailette dans l’Aisne. Dès le 21 mai des attaques ennemies se déclenchent et le régiment reçoit l’ordre de tenir ses positions coûte que coûte : il arrête effectivement toutes les attaques jusqu’au 6 juin en soirée. Devant une menace d’encerclement, le régiment reçoit l’ordre de décrocher, mission exécutée dans la nuit au contact de l’ennemi.

Le 7 juin l’Aisne est franchie à Vic-sur-Aisne. Et c’est encore à la Ferme de Pouy que le régiment se distingue. Puis c’est Crépy-en-Valois, mais le bourg est déjà occupé par les troupes allemandes, et seul le sacrifice du 1er bataillon permet aux autres unités d’échapper à la capture et de se regrouper sur la Gergogne, à Vincy-Manoeuvre. Puis il reçoit pour mission d’occuper le sous-secteur de Saint-Germain-sur-Morin, et enfin de se porter au sud de la Seine.

Le 15 juin les unités se trouvent alors en forêt de Fontainebleau au carrefour de l’Obélisque vers 23h00.

Le 16 juin à 04h00 les troupes embarquent alors en camions pour être dirigées sur la Loire, à 05h00 ils sont à Ladon puis à Villemoutiers. Une nouvelle alerte aérienne les surprend vers 16h00. Des embouteillages indescriptibles sur les routes empêchent la mission du « 9 », d’autant qu’il n’y a plus aucun service d’ordre.

Le 17 juin à 02h15 les éléments du IIe bataillon du 9e Zouaves, commandé par le chef de bataillon Aumeran, débarquent des camions et progressent une fois encore à pied vers Sully-sur-Loire, les camions n’avançant pas… Le « IIe / 9 » franchit la Loire vers 09h00 et prend position sur le pont, celui-ci déjà bombardé le 15 juin par l’aviation ennemie, permettant ainsi la traversée de la Loire par les autres unités françaises. Les Zouaves du « 9 » sont alors les derniers défenseurs du pont de Sully ! Deux sections de la « C.A.B II » et des éléments de la 7e compagnie (LTN Cazanove et SLT Henry) tiendront jusqu’au bout le pont, mais n’en reviendront jamais. Le pont de Sully sautera sous l’action des unités du génie français vers 20h00 !

Le 18 juin à 11h30 le « 9 » prend direction de Grand-Val et à 21h00 parvient à Rebutinière. Le 19 à 11h00 il est à Châtres-sur-Cher…

L’Armistice du 25 juin trouve le 9e Zouaves sur la Vienne, prêt au combat, après un repli de plus de quatre cents kilomètres, dans l’ordre et sans avoir connu la défaite !

Dans les seuls combats de l’Ailette, le régiment a fait dans les rangs de l’ennemi, de son propre aveu, 1.800 morts et 4.500 blessés, ayant lui-même perdu 28 officiers, 97 sous-officiers et 1.038 caporaux et zouaves tués, blessés ou disparus.

Une huitième Palme et la Croix de guerre 1939-1940 viennent alors s’accrocher à son glorieux Drapeau, accompagnées de la citation à l’ordre de l’Armée suivante :

« Sous les ordres du Lieutenant-Colonel Tasse, a, depuis le 5 juin, constamment tenu tête à l’ennemi; sur l’Ailette pendant deux jours, à l’est de la forêt de Compiègne pendant deux jours, pour couvrir le flanc droit des Divisions voisines, pendant deux jours enfin, sur le front de la Seine, se laissant encercler dans ses points d’appui formés sans aucune défaillance, se dégageant la nuit, et ne quittant la position que lorsque l’ordre de repli était imposé par le Commandement.

A fait au cours de ces combats plus de 200 prisonniers allemands. »

Le 2 septembre 1940. Signé : Weygand.

Après un séjour à Issoudun, sous l'appellation très temporaire de « Régiment de l’Indre », les zouaves repartent le 11 août, via Marseille et en armes, à Alger au dépôt du « 9 ».

- 1942 - 1945 :

Le 18 novembre 1942, le Régiment est reconstitué et en 1943 il est engagé avec le 1er Corps d’Armée. Il participera aux combats de l’île d’Elbe.

Le 15 avril 1943 il reçoit de nouveau son glorieux Drapeau de 1915. On trouve le « 9 » en Tunisie, puis en Corse (novembre/décembre 1943). Sous les ordres de son chef ardent et courageux, le LCL Aumeran, il met pied sur la Mère Patrie le 13 septembre 1944, à Saint-Raphaël.

Alors au sein même de la 1re Armée Française du Général de Lattre de Tassigny, et aux côtés de leurs camarades Chasseurs d’Afrique, Légionnaires et Coloniaux, les Zouaves participent dans les Vosges à une suite de combats acharnés en enlevant de haute lutte les villes de Roche-lès-Blamont le 15 novembre, puis d’Hérimoncourt le 17 et de Remiremont le 19 novembre 1944.

Après une période de stabilisation dans la région de Mulhouse, le Régiment revient dans le secteur des Vosges au col de la Schlucht, où ni le froid, ni la neige, ni les incessantes réactions d’un ennemi très mordant ne sont parvenus à le déraciner de sa position. En décembre 1944, il absorbe le Régiment de marche Corrèze-Limousin et le Btn 10/22 de Paris.

Le « 9 » repart à l’attaque le 2 février 1945 et dans un élan irrésistible ouvre la voie et libère Munster le 5 février 1945. Il est du 21 février au 3 mars 1945 à la garde du Rhin.

Au coude à coude avec leurs camarades de la 9e Division d’Infanterie Coloniale, par une manœuvre audacieuse les Zouaves franchisent le Rhin le 29 mars 1945 à la hauteur de Karlsruhe. Il bouscule et désorganise alors le dispositif ennemi de la Forêt-Noire. Poursuivent l’adversaire, lui enlevant au cours de durs combats Baden-Baden (12 avril), participant ainsi à l’entrée des troupes françaises dans Stuttgart.

Le 1er Mai le 9e Régiment de Zouaves, au sein de la 5e DB, termine sa glorieuse randonnée à Bregenz, sur les bords du lac de Constance.

Il a fait preuve au cours de toutes les actions où il a été engagé d’un esprit de sacrifice et d’une tenue au combat qui en fait le digne successeur de son aîné, comme en porte témoignage à la lecture de sa 9e citation à l’ordre de l’armée ! Le régiment occupe alors le Palatinat, jusqu'en août 1945.

Une 8e inscription se grave alors sur son noble drapeau : « Roche-lès-Blamont 1944 », où s’y accroche la Croix de Guerre 39-45.

 

9e Zouaves - 18 juin 1945
Défilé du 9e Zouaves sur les Champs-Élysées le 18 juin 1945
Collection Jean-François Catteau - Don de Roger Bey

Après-guerre :

Rentré en France, il renforce la 1e DMI, en poste à Coulommiers (août 1945), puis à Compiègne (10 novembre 1945). Il est réduit à un bataillon le 30 avril.

Notons qu'un Bataillon de marche du 9e Zouaves est mis sur pied dès le 16 février 1945 pour partir au Levant, sous les ordres du Chef de Bataillon Rabertin.

Débarque à Beyrouth le 10 mai, il se dirige sur Tripoli. Dissous le 31 décembre de la même année, ses éléments sont versés au Bataillon mixte de Zouaves-Tirailleurs du Levant, créé le 1er janvier 1946.

Guerre d'Algérie :

Le 9e Régiment de Zouaves prend part aux premières opérations de police en Kabylie dès 1954. Puis il est chargé au difficile maintien de l’ordre dans la ville d’Alger. Notamment avec sa quatrième compagnie installée dans la Casbah qui démantèle de nombreux réseaux terroristes du FLN sous les ordres du capitaine Sirvent...

Alger 9e Zouaves 1954
Alger, octobre 1954, le Drapeau du 9e Zouaves présente les honneurs au ministre de l'Intérieur de l'époque... - DR

Il sera dissout en octobre 1962.

Épilogue au CEC de Givet :

Du 7 mai 1982 au 29 septembre 2006, le Centre d’Entraînement Commando de Givet ("CEC-9e Zouaves", devenu "CEC-Givet", en 1997) dans les Ardennes a eu l'Honneur de la garde du glorieux Drapeau du 9e Régiment de Zouaves, et en assura la tradition.

Les Traditions des Zouaves et le Drapeau ont été remis à l’École d’Application d’Infanterie à Montpellier, et ceci jusqu'au départ de l'École au quartier Bonaparte de Draguignan en juillet 2010. Le Drapeau a été remisé  avec les autres pièces de collection du musée à Saint-Astier. Puis récupéré par le Service historique de la Défense, en décembre 2020, dans l'attente d'une nouvelle et hypothétique implantation d'un Musée de l'Infanterie...

Garde au Drapeau - CEC-9e Zouaves
La Garde au Drapeau du CEC-9e Zouaves lors de la cérémonie du 175e anniversaire de la création du Corps des Zouaves
à la "Butte des Zouaves" à Carlepont / Moulin-sous-Touvent (60) en 2006.
Notons que c'est alors la dernière présentation officielle du glorieux Drapeau !
Photo Frédéric Coune

Le Drapeau :

Le Drapeau est décoré de la Légion d’Honneur, de la Croix de guerre 1914-1918 avec 6 palmes de bronze et une étoile d’argent, de la Croix de guerre 1939-1945 avec 2 palmes de bronze et de la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur.

INSCRIPTIONS PORTEES SUR LE DRAPEAU :

 

Yser 1914

 

Verdun 1916

 

Coeuvres 1918

 

Saconin 1918

 

Breuil 1918

 

Montdidier 1918

 

Berry-au-Bac 1918

 

Roche-les-Blamont 1944

 

 

Legion d'Honneur Croix de guerre 14-18 Croix de guerre 39-45

 

« France 40 » - JF CATTEAU
Infographie : Joaquim Domingues

©2010 JF. Catteau - webmaster J. Domingues
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